[temps de lecture : 2mn _ les schémas peuvent être agrandis]
Si cet article est d’abord tourné vers le consommateur, je le prolongerais après la seconde partie, dans un registre où les entreprises poussent à la diminution de la concurrence, pour leur propre malheur à terme.
Au XIXème siècle, les économistes néo-classiques parlent de « concurrence pure et parfaite » comme étant l’élément régulateur du marché. Selon eux, cela doit permettre de former les prix, régir la production, et permettre la distribution des revenus. Basée sur un fort individualisme et sur l’aspect rationnel des transactions commerciales entre acheteurs et vendeurs, la concurrence est présente grâce à une multitude d’entreprises qui œuvrent sur le même secteur, sans collusion, et qui offrent à la vente des éléments de même qualité. Ensemble, les agents économiques, dans un esprit collectif involontaire, font que le marché fonctionne de façon équilibrée (la « main invisible » d’Adam Smith).
Ce modèle est à l’opposé du monopole et des oligopoles, et l’acheteur ou le consommateur ont encore du pouvoir face à l’entreprise qui souhaite leur vendre produits ou services.
Glissement du capitalisme vers un libéralisme exacerbé.
Si le modèle néo-classique avec la « concurrence pure et parfaite » ne présente pas que des intérêts sous certains aspects, les politiques récentes ont surtout favorisé et souhaité(?), faute d’intervention, la formation de grosses entreprises.
La concurrence atomisée est donc en voie de disparition totale…
Dans le modèle des Forces de Porter(1), l’entreprise est obligée de composer avec les 5 forces qui l’entourent.
Celle qui intéresse cet article est le « pouvoir de négociation des clients ».
Le pouvoir de négociation du client fonction de la concurrence, en B to C.
Dans le commerce en B to C, le nombre de clients est important.
Si l’entreprise est de taille modeste, entourée d’une concurrence importante sur son secteur d’activité, on comprend immédiatement que le client pèse relativement plus lourd : l’entreprise aura intérêt à essayer de le garder coûte que coûte, pour éviter que le client ne passe à la concurrence. Le client dispose d’un pouvoir de négociation plus important.
Dans le cas des monopoles ou des oligopoles dans le commerce en B to C, le poids relatif s’inverse. Le client devient dès lors nettement moins important car le nombre d’entreprises auxquelles s’adresser pour faire ses achats de produits ou services est beaucoup plus restreint : le poids relatif du client diminue, tout comme son pouvoir de négociation puisque le client se trouve contraint de choisir parmi un nombre réduit de sources.
Exemple avec l’Internet fixe.
En s’appuyant sur l’expérience de l’Internet fixe, quelques gros acteurs se partagent le marché sous la forme d’un oligopole. La concurrence est loin d’être atomisée. En France, nous trouvons Orange, Free, Bouygues, et SFR. Ces sociétés sont globalement incontournables, offrent des services proches, avec des dispositions tarifaires difficilement comparables donc illisibles. Promo du moment, abonnement réduit sur une durée limitée, nature de l’engagement, etc… , tout cela brouille les cartes de la comparaison.
De ce fait, dans le cas de l’internet fixe, ce n’est pas parce que RED, B&YOU et Sosh sont là que cela change fondamentalement la donne. Ces entreprises sont le low-cost de l’oligopole et le service est aussi réduit, notamment le support.
Si certains sites comme monpetitforfait.com énoncent que le consommateur peut faire de belles économies, ce raisonnement est un peu étriqué. Cela occulte totalement le moment où le service n’est pas rempli et que le client n’obtient pas ce qui lui a été vendu.
Dans ce cas, le consommateur ne pèse par lourd. Certes, il peut changer d’opérateur mais cela ne résout pas forcément son problème.
Les forces de Porter sont là : en B to C, l’oligopole réduit le pouvoir de négociation du client comme peau de chagrin.
Dans cette première partie, le décor vient d’être posé pour notre marché en B to C.
Lorsque le nombre d’entreprises vendant la même prestation se réduit dramatiquement, le client n’en tire pas avantage : c’est même contraire ! Il perd son pouvoir de négociation face à l’entreprise à laquelle il achète produits ou services.
Dans la seconde partie, l’exemple sera développé au travers d’un dysfonctionnement de la liaison Internet d’un client. Celui-ci sera confronté à son absence de « pouvoir de négociation » face à son opérateur Internet (Free) et aux effets des forces de Porter entre France Télécom (Orange) et Free.
Une mise en bouche : le schéma de principe des responsabilités dans l’Internet fixe sur fils de cuivre.
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(1) Porter, Michael (né en 1947) : professeur de stratégie d’entreprises à l’Université de Harvard.
Illustration (y compris dans les schémas) : photo usage commercial autorisé sur Flickr.com
Carte PABX par makatotakeuchi
Poteau téléphonique par PAN ANT
Maison par Frédéric Bisson
Prise murale Ethernet par Alan Levine
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