Le magazine L’Usine Nouvelle a publié un article portant sur les résultats de Nissan.
En pleine affaire Carlos Ghosn, et alors que le constructeur japonais remettait en cause son alliance avec Renault, bien lui en a pris d’être plus prudent. Car si Renault ne va pas si mal, pour Nissan, c’est catastrophique.
Plus de 10000 emplois vont être supprimés par le japonais dans le monde, essentiellement en dehors du Japon où il explique qu’il y est spécifiquement en sureffectif. Nombre de ses sites seront affectés durement par la suppression de 7% de ses effectifs mondiaux.
S’il y a hémorragie d’emplois, c’est parce que les résultats financiers sont au plus bas depuis 11 ans. Nissan constate une baisse de 28% du bénéfice d’exploitation (selon la source).
Le 1er trimestre 2019 montre un effondrement du bénéfice d’exploitation de 90% ce qui va au-delà de ce que prévoyaient les analystes.
Dans l’industrie automobile, il y a plusieurs façon de rétablir sa marge en cas de mévente ou de sous-utilisation de la capacité de production :
- le levier de la suppression d’emplois
- le levier de la commercialisation, et l’arrivée de nouveaux modèles pour remettre les ventes en dynamique
- le levier des achats, qui constituent la plus grosse part de la dépense des constructeurs avec la R&D, puisque le constructeur produit généralement le ferrage (carrosserie), mais délègue la plus grande partie de la fabrication des composants qu’il assemble à des équipementiers.
On peut donc s’attendre à un tour de vis sur les prix d’achats de la part du constructeur.
Les fournisseurs de rang 1 seront les premiers à être sollicités. Afin d’assurer leur propre rentabilité financière, ils ne manqueront pas d’accroître la pression sur les fournisseurs de rang 2, essentiellement des PME et quelques ETI.
Pour ces derniers, il est peut-être temps d’anticiper en constituant quelques réserves financières en reportant les investissements ou autres acquisitions dont l’enjeu stratégique n’est pas avéré.
L’intelligence économique peut par l’interprétation de signaux forts (ici le cas de la suppression d’emplois chez Nissan et la baisse de ses résultats financiers) anticiper des signaux faibles qui sont sous-entendus (la pression sur les prix d’achat).